Et bien voilà une réponse qui fait plaisir à lire !
Pour réagir à la bidouille que tu mentionnes, l'usage d'une bouteille de CO2 pour la soudure MaG des aciers est effectivement faisable.
Certains pays (Maroc, Niger, Mozambique, Madagascar, Yémen et pleins d'autres...) n'ont pas d'installations industrielles pour produire de l'argon à partir de l'air (par liquéfaction de l'argon atmosphérique à -187'centigrades), ou alors il est à un prix prohibitif parce qu'importé.
Aussi l'usage de CO2 en soudure semi-auto est possible. Mais il y a quelques inconvénients :
- Certains débits de gaz trop important font givrer le détendeur à -60'C, d'où la nécessité de monter deux voire trois détendeurs à la queue-leu-leu pour limiter les effets d'un gaz qui finit par s'écouler à la torche à la pression de la bouteille, soit 200 bars (c'est une soudure qui décoiffe !!!):shock:
- Le CO2 est à l'inverse de l'argon chimiquement très actif dans l'arc : on carbure le bain de fusion à fond les ballons : l'acier de carrosserie, très doux, très ductile car pauvre en carbone s'enrichit aux abords du joint soudé : la soudure tient; mais devient fragile et peut micro-fissurer et/ou casser sans préavis : mauvaises résiliences (autrement dit : mauvaises tenue aux chocs).
En cas d'accident la soudure là¢che sans absorber d'énergie : Or la carrosserie doit se déformer un maximum : sur la vidéo de Méhari/2CV Cassis Club, il y a un essai montrant l'écart entre un chà¢ssis nouvelle et ancienne génération se taper un mur en crash-test.
http://www.mehariclub.com/m2cv_625.inc
Les aciéristes ont fait d'énormes progrès !
Si l'échelle de temps est en microsecondes, on voit toute la structure se plier en accordéon. Dans le cas des soudures faites avec CO2 pur, si elles sont faites sur de grandes distances et à des points critiques, c'est le deuchiste qui prend un contrat obsèques direct, sans rémission; passagers inclus.:evil:
- Le CO2 employé pur ne permet de souder qu'avec un transfert du métal en "court-circuit", et crée énormément de fumées et de projections adhérentes. Pour la carrosserie et le peintre, c'est TRàˆS cradingue, mais ça fonctionne pour des tôles très fines.:roll:
Un énorme avantage avec le CO2 : après la soudure on peut reprendre la bouteille pour boire à la tireuse des demis facile-facile !
Le tout c'est après de ne pas rebrancher sur le poste la mauvaise bonbonne !:oops:
A l'inverse, l'argon pur ne permet de souder qu'avec un transfert en "grosses gouttes" ou en "pulvérisation axiale". Le premier crée une soudure dégueulasse avec des projections grosses comme des groseilles, l'autre est un mode de transfert silencieux, sans projections mais très énergétique. On perce une tôle de 5 mm sans problèmes si on s'attarde !
D'un point de vue tenue mécanique on est très bien.
Aussi l'argon pur, pour la carrosserie c'est pas top voire à éviter absolument... sauf en TiG, où il est incontournable et rend de très bonnes soudures !
Poste semi-auto + CO2 pur = Metal Active Gas (MaG) : aciers, inox
Poste semi-auto + CO2 + argon = Metal Active Gas (MaG) : aciers, inox
Poste semi-auto + argon pur = Metal Inert Gas (MiG) : aciers, inox, nickels, alus, bronzes, laitons.. (cuivre et titane avec des précautions)
Poste TiG + argon pur = Tungsten Inert Gas (TiG) : aciers, inox, nickels, alus, bronzes, laitons.. (cuivre et titane avec des précautions)
Si quelqu'un est intéressé, j'ai des petites vidéos où on voit la différence entre les modes de transfert. Je peux trouver le moyen de les mettre ici ou de les refiler par e-mail.
Court-circuit :
Grosses gouttes, à toujours éviter :
Pulvérisation axiale, très bon pour souder une grosse structure :
Un dernier pour la route : le transfert pulsé, super sur l'aluminium :
Aussi la soudure c'est tout le temps un compromis, d'où les mélanges Argon/CO2. On peut en avoir en 50/50. Le plus courant (et le plus efficace pour notre cas) c'est un 82% d'argon pour 18 % de CO2, c'est mon fameux ATAL 5 de tout à l'heure (merci l'Air Liquide!)
A noter que le gaz ne fait pas tout : des fils existent pour s'attaquer à la couche de zinc en surface des tôles : on y ajoute un peu de titane (+0.1% en masse), cela rend l'arc beaucoup plus agressif vis à vis du zinguage.
Cela rend le soudage sur tôle galvanisée faisable sans décapage à l'acide chlorydrique.

Merci d'avance pour nos mimines !!
Le fil massif s'appelle le NERTALIC ZN, on peut l'avoir en diam. 0.6 mm, 0.8 mm (bobine de 5kgs donc pas trop cher) et 1.0 (trop gros pour notre cas, en 16 kgs en + !). Merci la SAF !
Le 0.8 est mon préféré
C'est aussi pour cela qu'une bonne soudure coà»te beaucoup de temps à préparer vis-à -vis du temps d'arc, mais c'est pas un luxe.
Le zinc (comme l'étain, le plomb, le bismuth, le soufre, le phosphore...) donne de très mauvaises caractéristiques s'il est mélangé par fusion à l'acier. A noter que les fumées de zinc sont toxiques (j'ai passé une fois deux jours affreux à avoir respiré des fumées chargées, j'ai eu la fièvre du soudeur (ou du Lundi matin) faites attention donc, aérez juste ce qu'il faut, la soudure doit toujours se faire en atmosphère non confinée (sinon c'est l'asphyxie

), spacieuse mais calme.
Attention aussi à l'humidité pasque sinon la rouille arrive et la crise de nerfs aussi
Voilà voilà .
Bonne étincelles à tous !
cyril.